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Guide complet nutrition poules pondeuses

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Guide alimentation poules pondeuses

Nous avons le plaisir de vous présenter un article invité rédigé par Elsa, une experte reconnue en élevage et nutrition de poules pondeuses. Son expérience et ses conseils précieux vous guideront dans votre quête d’autonomie grâce à l’élevage de poules. Bonne lecture !

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Comme n’importe quel être vivant, les poules ont des besoins spécifiques à leur espèce. De la même manière que pour l’humain, leur nourriture doit leur fournir des glucides pour l’énergie, des lipides et des protéines pour l’entretien des organes vitaux et des muscles.  

Mais ce n’est pas tout. Vous souhaitez que vos poules produisent des œufs ? Alors pensez également à couvrir leurs besoins de production, c’est-à-dire compenser ce qu’elles vont exporter à chaque œuf pondu, notamment des minéraux et vitamines (du calcium par exemple, qu’elle utilisera pour fabriquer la coquille de ses œufs), des lipides et des protéines (environ 13 grammes de chaque que l’on retrouvera dans le blanc et le jaune de l’œuf). Une poule pond, voilà pourquoi on ne nourrit pas un poulet fermier et une poule pondeuse de la même manière. Et nous avons tout intérêt à bien les nourrir, car il vaut mieux remplir un bec qui pond 300 œufs par an que deux becs qui pondent 150 œufs chacun… le prix de revient de l’œuf ne sera pas le même.

Jusque dans les années 1950, le métier de fabricant d’aliments pour animaux était encore confidentiel sur le territoire français. Chacun nourrissait ses poules avec des matières premières issues de sa propre production, récoltées sur sa ferme. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la priorité a été donnée à la productivité. L’élevage intensif s’est développé au fur et à mesure que les Français se sont éloignés des campagnes et de l’autoproduction de leur nourriture.

Un travail de recherche scientifique a été lancé pour sélectionner de nouvelles souches de volailles, plus spécialisées. De races de poules mixtes capables de fournir viande et œufs, mais à croissance lente, l’homme est passé à une segmentation de la production : la viande d’un côté, les œufs de l’autre. Il a mis au point par hybridation (croisements successifs) des souches de poulets à croissance plus rapide et à indice de consommation plus faible, et des souches de poules pondeuses plus productives (dont on supprime les mâles à la naissance puisqu’ils ne pondent pas et sont trop longs à produire de la viande) et plus précoces (qui pondent dès 20 semaines).

Heureusement, les races anciennes de poules plus rustiques continuent d’exister. Elles atteignent la maturité sexuelle plus tard, donc elles commencent à pondre à l’âge de 24 à 32 semaines souvent moins, mais sont moins sujettes aux maladies génitales dont souffrent communément les races hybrides hyper productives après deux ans. Et pour leur plus grand bonheur, nos cocottes profitent aujourd’hui des découvertes scientifiques faites depuis l’après-guerre sur les besoins nutritionnels des volailles. En effet, l’industrialisation de la production d’oeufs s’est accompagnée du souhait d’optimisation des coûts par les acteurs du milieu, donc les recherches scientifiques ne se sont pas arrêtées à la sélection de races plus productives, mais aussi à la détermination précise des besoins alimentaires des poules.

En tant que particuliers en quête d’autonomie, nous bénéficions aujourd’hui de ces découvertes. Il s’avère que, non, une poule aussi rustique soit-elle ne peut pas se contenter de quelques grains de blé et de maïs jetés à la volée sur un sol boueux. La base est de leur offrir un terrain spacieux recouvert d’espèces végétales variées, gage de bien-être et source de protéines animales gratuites (insectes, limaces et escargots). Pour le reste, suivez le guide.

Quels sont les besoins nutritionnels des poules ?

LES GLUCIDES

Ils sont la principale source d’énergie des poules, dont le régime alimentaire est composé majoritairement de céréales, protéagineux et légumineuses. La poule a besoin de suffisamment d’énergie provenant des glucides pour éviter de devoir en produire à partir des protéines et acides aminés de son alimentation. 

LES PROTÉINES

Nutriments indispensables pour les poules, les protéines soutiennent la croissance des jeunes sujets, et maintiennent la masse musculaire des adultes. Elles doivent être apportées en quantité suffisante aux poules via l’alimentation pour assurer leur santé et leur productivité. 

LES LIPIDES

Ce sont les molécules les plus énergétiques, devant les glucides. Les lipides apportent à vos poules l’énergie nécessaire au bon fonctionnement métabolique, en participant à la production d’hormones et en aidant à l’assimilation des vitamines liposolubles. 

LES ACIDES AMINÉS

Ces molécules sont le socle de la vie. Au nombre de 20, ils sont les constituants des protéines présentes dans le corps de tout être vivant. Ils s’associent pour former ces protéines qui constituent les cellules, les organes, communiquent des signaux dans le système nerveux, gèrent l’activité hormonale et enzymatique. Bref, sans eux, notre corps et celui de nos poules ne seraient pas grand-chose.

Contrairement aux glucides et aux lipides, les acides aminés ne sont pas stockés par l’organisme. Vos poules conservent juste la quantité nécessaire pour assurer leurs fonctions vitales. Parmi les 20 acides aminés, 9 sont dits essentiels, car l’organisme ne sait pas les synthétiser : ils doivent donc obligatoirement être apportés par l’alimentation. Voici les acides aminés que doit contenir l’aliment de vos poules pondeuses :

  • la lysine soutient le système immunitaire et influence la quantité d’aliment ingérée. Une carence en lysine entraîne une baisse de consommation, et une baisse de la ponte.
  • la méthionine a un rôle clé dans la synthèse des protéines qui sont exportées dans chaque œuf produit.
  • la thréonine
  • le tryptophane
  • l’isoleucine
  • la leucine
  • l’histidine 
  • la phénylalanine 
  • la valine 

LES VITAMINES 

Substances qui interviennent dans le métabolisme des poules, et qu’elles ne peuvent pas synthétiser, ou qu’en partie. Elles sont donc importantes pour soutenir leur immunité, car elles sont impliquées dans de nombreuses réactions chimiques internes du corps. Chacune a un rôle précis : 

  • La vitamine A est présente dans les herbes picorées dans la nature par les poules, elle soutient la croissance des jeunes et la productivité des adultes.
  • La vitamine B, notamment la B2, est vitale pour les poules, elle contribue à leur croissance.
  • La vitamine D3 est indispensable à la fixation du calcium, elle maintient la solidité du squelette et aide les poules à fabriquer des coquilles d’œufs solides.
  • La vitamine E est cruciale dans les périodes charnières de la vie des poules, notamment pendant la croissance en association avec le sélénium pour prévenir les problèmes neurologiques et pendant la reproduction pour la fécondité et la bonne éclosion des œufs. Elle intervient dans le maintien de l’immunité en association avec le zinc, ce qui est un point important dans la lutte contre les parasites. 

LES MINÉRAUX

Substances indispensables au bon fonctionnement de l’organisme de vos poules, on peut les classer en deux catégories : les macro-éléments et les oligo-éléments. Les minéraux sont présents dans les matières premières en différentes quantités. Les poules pondeuses en ont besoin pour entretenir leurs os, leurs muscles, leur système nerveux, etc. 

  • Le calcium, en association avec la vitamine D, intervient dans la formation de la coquille de l’œuf. Une quantité donnée est mobilisée à chaque œuf produit. La poule puisera dans ses réserves alimentaires quand elles sont suffisantes, et le cas échéant, elle pompera dans ses os médullaires (cubitus, tibia, fémur, doigts des pattes…) qui sont constitués de calcium facilement mobilisable. Si elles sont carencées, elles développeront de l’ostéoporose et leurs os médullaires seront plus fragiles. C’est pour cette raison que lorsque vous mangez une vieille poule nourrie uniquement au blé et au maïs, ses os médullaires se cassent à la moindre manipulation. 
  • Le phosphore est nécessaire pour la formation de la coquille de l’œuf et joue un rôle dans la minéralisation osseuse.  
  • Le magnésium influence le métabolisme énergétique, contribue au bon fonctionnement du système nerveux et de la contraction musculaire. 
  • Le potassium intervient dans le fonctionnement du système nerveux et des muscles, dont le cœur. 
  • Le sodium est un acteur majeur du processus d’absorption, ainsi que du fonctionnement du système nerveux et de la contraction musculaire. 
  • Le zinc soutient la ponte des poules et la qualité de leur plumage. 
  • Le sélénium joue un rôle dans la lutte antioxydante des cellules, la reproduction (les spermatozoïdes sont sensibles à l’oxydation, et le taux d’éclosion des œufs fertiles est supérieur en cas de supplémentation en sélénium dans la ration de la poule) et le développement des poussins dans leurs premières semaines de vie. Associé à la vitamine E, il booste le système immunitaire. 

Le cuivre assure le maintien des tissus conjonctifs et contribue au fonctionnement du système immunitaire. 

Le manganèse intervient comme antioxydant des cellules face au stress oxydatif. 

Les besoins nutritionnels d’une poule dépendent de son âge, sa race, de sa génétique, de la saison et des conditions d’élevage.  

L’ÂGE 

Les notions évoquées dans cet article concerne l’alimentation des poules ayant fini leur croissance et commencé la ponte, âgées de cinq mois minimum. Si vous faites naître des poussins ou adoptez de jeunes poulettes qui n’ont pas fini leur croissance, il conviendra d’adapter la ration à leurs besoins. 

De plus, au début de la ponte, il est conseillé d’utiliser un aliment plus énergétique (2850-2900 Kcal/kg contre 2400 kcal/ kg après) pour que la poule atteigne un poids idéal. Une fois cet objectif de poids atteint vers 10-12 mois (selon l’âge de fin de croissance de la race considérée), il suffira de maintenir son poids. Il faut éviter d’engraisser ses poules pour prévenir tout risque de stéatose hépatique, pour elles, et pour nous, car les ovaires d’une poule grasse sont moins prolifiques, ce qui a pour conséquence une baisse de ponte.  

LA RACE / LA GÉNÉTIQUE 

Une poule de race ancienne, rustique, adaptée au terroir où elle vit (marans, sussex, bourbonnaise, coucou de Rennes…), sera moins exigeante techniquement qu’une poule de souche industrielle (hyline, Isa brown…) rendue plus fragile par son hyperproductivité. Bien nourrie, la première pondra peut-être 150 à 250 œufs par an, alors que la seconde vous donnera jusqu’à 320 œufs par an. La teneur en lipides, protéines, acides aminés et minéraux de la ration devra être adaptée en fonction de leur potentiel. En effet, une poule génétiquement programmée pour produire 320 œufs par an va exporter davantage de calcium, de protéines et de lipides qu’une poule qui en fait 150. Si on ne comble pas ces exportations, elle commencera par puiser dans ses réserves corporelles le calcium – ses os deviendront fragiles -, et les protéines – affaiblissant ses muscles -, pour produire ses œufs. Puis, elle ralentira la ponte. Ces poules vieilliront mal et seront davantage sujettes à des soucis de santé. 

Les poules dites d’ornement (sebright, padoue, hollandaise…) pondront également beaucoup moins d’œufs, car elles ont été sélectionnées sur leurs attributs physiques, plus que sur leur productivité. Leur alimentation pourra être adaptée en conséquence : elles auront besoin de moins de minéraux et de protéines qu’une pondeuse de haut vol. 

Inversement, certaines poules de grandes races nécessiteront une alimentation technique riche en protéines. C’est le cas de la Brahma, pour qui on peut prévoir une ration à 17,5% de protéine. Nourrie uniquement au blé et au maïs, cette poule ne fera que décorer votre poulailler. Inutile de compter sur elle pour l’omelette aux champignons. Pourtant, bien nourrie, elle produira jusqu’à 250 œufs par an. 

Enfin, si vous optez pour des femelles de souche industrielle destinées initialement à la production de viande (poulets de Loué par exemple), vous serez heureux de constater que ce sont de bonnes pondeuses qui, bien nourries, feront des œufs de 75 gr sans sourciller, par contre, vous devrez prendre soin de ne pas les engraisser involontairement. Elles sont génétiquement programmées pour valoriser au mieux l’énergie de leur ration, et en cas de carences en acides aminés, elles vont grossir, ce qui pourra entraîner des problèmes cardiaques et des soucis de boiteries.

LA SAISON 

En période de mue, qui intervient souvent en automne, les poules perdent leurs anciennes plumes et les remplacent par de belles plumes toutes neuves destinées à les protéger du froid hivernal à venir. Pour les aider, vous pouvez leur apporter des protéines, qu’elles utiliseront pour former la kératine de leurs plumes. En cas de carence protéique pendant cette période, vos poules arrêteront de pondre pour se concentrer sur la régénération de leur précieux plumage, qui prendra également plus de temps. 

L’hiver, lorsque la température descend en dessous de 5 degrés, les poules consomment davantage d’énergie pour se réchauffer. Elles peuvent être soutenues par un apport supérieur en lipides (noix, graines de tournesol…) et glucides (maïs concassé). Si leur ration ne couvre pas leurs besoins d’entretien, ni l’intégralité de leurs besoins de production, elles ralentiront simplement de pondre, voire elles arrêteront. 

L’été, avec la chaleur, les poules sont moins actives. Leurs besoins en énergie diminuent. À partir de 22 degrés, elles peinent à réguler leur chaleur corporelle. On pourra réduire la quantité de lipides (matière grasse) de leur ration. 

LES CONDITIONS D’ÉLEVAGE 

Une poule mange en continu. Son organisme n’est pas conçu pour prendre des repas copieux, mais plutôt pour grignoter tout au long de la journée. Elle préfèrera une distribution d’aliment à volonté et se régulera d’elle-même en ingurgitant entre 100 et 180 gr d’aliment sec par jour, en plus d’un parcours herbeux suffisamment spacieux (au moins 40 mètres carrés par poule) dans lequel elle pourra compléter ses apports. Plus l’espace disponible par poule sera restreint, plus il sera important d’apporter une ration équilibrée pour prévenir toute carence et les problèmes de santé qui en découlent.

Poule qui picore de l'herbe

Quels ingrédients peut-on utiliser pour nourrir une poule ?

Les sources de glucides (sèches) : 

  • céréales : blé, maïs, triticale, orge, sorgho et avoine 
  • pois protéagineux concassés (attention à choisir une variété sans tannins, à fleurs blanches) 
  • féverole (attention à choisir une variété sans tannins – ou décortiquer les graines pour enlever la majeure partie des tanins -, et à faible teneur en vicine et convicine) 
  • grains picorés au sommet des graminées (herbes hautes dans les prairies par exemple, mais ce n’est qu’un complément à une alimentation déjà équilibrée) 

Les sources de glucides (humides) : 

  • riz cuit  
  • semoule de blé cuite 
  • sarrasin 
  • lentilles 

Les sources de protéines (sèches) : 

  • tourteau de soja 
  • tourteaux de colza et tournesol (profils en acides aminés moins intéressants que le soja) 
  • pois protéagineux concassés (attention à choisir une variété sans tannins, à fleurs blanches) 
  • féverole (attention à choisir une variété sans tannins – ou décortiquer les graines pour enlever la majeure partie des tanins -, et à faible teneur en vicine et convicine, qui ont un impact négatif sur la taille de l’œuf et fragilisent la coquille) 
  • graines de tournesol 
  • vers séchés 
  • graines de lin extrudées (riches aussi en oméga 3, chères et difficiles à se procurer en tant que particulier) 

Les sources de protéines (humides) : 

  • son de blé 
  • drèches de blé 
  • drèches de maïs 
  • feuilles d’orties hachées (avec parcimonie pour éviter les diarrhées) 
  • vers de farine élevés par vos soins 
  • vers de farine déshydratés 
  • lentilles cuites 
  • œufs de poule (que vous pouvez cuire 10 minutes et broyer avec la coquille) 
  • restes de viande cuite (attention à l’excès de sel et d’épices) 
  • vers de terre du jardin et insectes du parcours herbeux que vos poules iront chercher elles-mêmes (ce n’est qu’un complément à une alimentation déjà équilibrée) 

Les sources de lipides : 

  • huiles végétales : soja, colza, tournesol, lin, sésame, noix…
  • graines oléagineuses : tournesol, lin, sésame, noix, noisettes…

Les sources de fibres et vitamines :

  • herbe
  • avoine
  • tourteau de colza
  • tourteau de tournesol
  • son de blé 
  • légumes (courgette, concombre, carotte, salade)
  • épluchures de légumes frais (coupées en morceaux de 1-2 cm environ pour éviter que de longs morceaux se coincent et fermentent dans le jabot)
  • fruits avec parcimonie (pomme, poire, pèche, melon, pastèque, cerise, fraise)

Les sources de minéraux :

  • carbonate de calcium (pour le calcium)
  • coquilles d’huîtres, d’œufs et d’escargots (pour le calcium)
  • phosphate calcique (pour le phosphore)

Les sources d’oligo-éléments :

  • matières premières
  • compléments alimentaires (pour le sélénium, zinc, manganèse, fer, cuivre, iode, cobalt…)

Les sources de vitamines :

  • herbe
  • fruits et légumes frais
  • compléments alimentaires (pour les vitamines A, C, E et celles des groupes B et D) 

Les aliments à éviter : 

  • aliments pourris ou moisis 
  • avocat, oignon, échalote, chou-fleur, raisin, pomme de terre crue (provoquent des diarrhées et peuvent être mortels à partir d’une certaine quantité) 
  • agrumes (diminuent la ponte)  
  • kiwis 
  • aliments et restes salés (le sel devient mortel pour les poules à faible quantité) 
  • pain trempé dans l’eau (il remplit le jabot sans apporter énormément de nutriments) 
  • restes de boulangerie (trop gras, sucré et/ou salé)  

Quelles sont les possibilités qui s’offrent à vous pour nourrir vos poules ?

Si vous voulez optimiser le rapport qualité/prix de l’alimentation de vos poules, et le temps passé à vous occuper de ce poste, la meilleure solution reste le granulé spécial poule pondeuse. Il contient tous les nutriments, les minéraux et les vitamines nécessaires au maintien en bonne santé des poules pondeuses. En termes de prix de revient, vous aurez du mal à rivaliser avec un fabricant qui achète les matières premières par gros volumes, et qui réoptimise tous les mois la composition des aliments qu’il produit en fonction du prix d’achat de chacune des matières premières dont il dispose (tout en conservant les mêmes valeurs nutritionnelles). De plus, la présentation « granulé » de l’aliment offre l’avantage d’éviter le tri par les volailles afin que chacune reçoive une alimentation équilibrée. 

Rappelons que le granulé n’est autre qu’un ensemble de matières premières sélectionnées pour leur intérêt nutritionnel, dosées précisément, broyées, et pressées avec ajout de vapeur et d’huile pour leur donner une forme de tube, plus ou moins large et plus ou moins long. La seule différence avec du fait maison est le passage à haute température, et l’incorporation directe de minéraux, vitamines et acides aminés pour compléter les teneurs des matières premières utilisées. 

Cependant, tous les granulés pour poules pondeuses ne se valent pas. Comme pour tout produit industriel, certains fabricants vont prioriser la qualité, tandis que d’autres privilégieront le marketing. Le prix est rarement un bon indicateur de ce que l’on vous vend. Pour choisir le granulé qui gardera vos poules en santé et les soutiendront dans la ponte, vous devez vous attarder sur l’étiquette au dos de l’aliment. Pour la décrypter, voici quelques repères : 

PROTÉINES

Indispensable pour l’entretien de la masse musculaire des poules, et pour la production de l’œuf. Viser un minimum de 16,5 % dans l’idéal. 

MATIÈRE GRASSE

Très utile dans la production d’œufs, en excès, elle va s’accumuler sous forme de graisse au niveau des ovaires et avoir un impact négatif sur la ponte. Une teneur élevée en lipides est acceptable et même bénéfique sur une courte durée, en période froide, lorsque l’énergie apportée par la matière grasse sera consommée par la poule pour se réchauffer.  

Viser 2-3 %, jusqu’à 4-5 % en hiver sur une période courte de froid par exemple. 

ACIDES AMINÉS

Ce sont des molécules indispensables qui entrent dans la formation des cellules de la poule et de ses œufs. Les acides aminés constituent les protéines et sont importants pour la bonne santé de la poule.  

  • La teneur en méthionine doit être comprise entre 0,34 et 0,40 % 
  • La lysine entre 0,70 et 0,85 % 
  • Le rapport méthionine/lysine doit être supérieur à 0,45 

VITAMINES

Prendre un aliment avec minimum 7000 de vitamine A, tout le reste est proportionnel à la quantité de vitamine A.

CALCIUM/PHOSPHORE

  • Le taux de calcium doit être compris entre 3,4 et 4 %
  • Le taux de phosphore doit être de 0,42% minimum

ENZYMES

Ce sont les ingrédients dont le nom fini par -ase (phytase, xylanase) dans la rubrique des additifs nutritionnels. Elles sont intéressantes pour améliorer la digestion et avoir une meilleure valorisation de l’aliment.

COLORANTS

Dans certains aliments, on voit dans la rubrique additifs sensoriels de la canthaxanthine. C’est un pigment naturel de la famille des caroténoïdes ajouté par le fabricant pour que le jaune de vos œufs soit bien jaune. Ce n’est pas utile. 

Où trouver un granulé pour poules pondeuses ?

Vous les trouverez en magasins spécialisés, dans les jardineries-animaleries, mais aussi, et c’est souvent là que vous trouverez le meilleur rapport qualité/prix, en magasins agricoles rattachés à des coopératives (Gamm Vert, lamaison.fr, La Périgourdine… les noms varient selon les régions).

Guide alimentation poules pondeuses

Vous tenez à fabriquer vous-même un aliment maison pour vos poules pour être le plus autonome possible. Comment faire ? 

1. Première étape : trouver les matières premières 

Tout d’abord, cherchez des fournisseurs de matières premières. Si vous pouvez les produire vous-même, c’est parfait, mais il est rare de pouvoir le faire pour toutes, sachant qu’il vous faut au moins deux céréales (le blé est fortement recommandé, puis maïs, avoine ou triticale), et trois sources de protéines (tourteaux, pois, féverole, vers de farine déshydratés…). En effet, aucune source de protéines utilisée seule n’a le profil en acides aminés idéal pour les poules. Les associer permet d’apporter plusieurs acides aminés essentiels et d’obtenir un ratio méthionine/lysine satisfaisant sur la ration. 

Selon la région dans laquelle vous habitez, les matières premières seront plus ou moins faciles à trouver chez des agriculteurs locaux, et à des prix allant du simple au double. Dans les plaines céréalières par exemple, vous achèterez facilement du blé et du maïs. Dans les régions mixtes culture/élevage, vous parviendrez à trouver des sources de protéines alternatives comme le pois, la féverole, la lentille, la graine de tournesol. Vous avez peut-être aussi la chance de vivre près d’industries qui transforment ces matières premières ? Si oui, vous pourrez trouver des co-produits comme les tourteaux (il s’agit du résidu de la graine une fois qu’on en a extrait l’huile) de colza, de tournesol et de soja (qui sera non OGM s’il est français, mais difficile à trouver, car souvent réservé à l’alimentation humaine), le son de blé (enveloppe du grain de blé dont on a extrait la farine), et les drèches de blé et de maïs (issues de la production de biocarburants). Vous pourrez aussi acheter des matières premières en sacs dans les magasins de coopératives agricoles ou au détail chez un fabricant d’aliment si vous avec la chance d’en avoir un près de chez vous. 

2. Deuxième étape : estimation des valeurs nutritionnelles des matières premières 

Pour pouvoir calculer les proportions de chaque matière première à mettre dans votre mélange, il ne vous reste plus qu’à leur attribuer des valeurs nutritionnelles. Pour cela, vous pouvez les faire analyser en laboratoire, ou si vous ne souhaitez pas dépenser d’argent là-dedans, prendre des valeurs moyennes. Pour information, les fabricants d’aliments pour poules pondeuses analysent chaque matière première réceptionnée et utilisée dans leurs aliments, plusieurs fois par an, pour être au plus proche de la réalité. En effet, les teneurs en protéines, amidon et matière grasse d’une matière première (pour ne parler que de ces trois critères principaux, car les fabricants travaillent avec une vingtaine de critères) fluctuent selon la variété cultivée, la météo qu’il a fait pendant sa croissance, les pratiques agronomiques de l’agriculteur et, pour les co-produits, selon les processus techniques de l’industriel (usine qui extrait l’huile des graines de tournesol et qui vous fournira du tourteau de tournesol, usine qui extrait la farine et qui vous fournira du son de blé, usine qui fabrique du bioéthanol et qui vous fournira des drèches de maïs, etc.). Les fabricants ajustent les valeurs nutritionnelles attribuées à chaque matière première plusieurs fois par an selon les résultats de ces analyses. 

Voici des exemples de valeurs nutritionnelles pour quelques matières premières (qui ne sont pas forcément les mêmes que celles des matières premières que vous vous procurerez, mais cela vous donnera une idée approximative de quelle matière apporte quoi) 

 Matière sèche % Matière azotée totale (protéine) % Cellulose brute % Matière grasse % Amidon % 
Avoine 87.6 9.4 11.5 4.7 36.8 
Blé dur 87.8 14.4 2.7 1.8 55.8 
Blé tendre 86.9 11 2.4 1.4 60 
Maïs 86.3 7.6 2.3 3.6 63.8 
Orge 87.2 9.9 4.7 1.6 52.3 
Seigle 86.7 8.5 1.2 53.7 
Triticale 86.8 10 2.5 1.2 58.8 
Son de blé d’amidonnerie 87.6 15.2 2.9 19.9 
Féverole à fleurs blanches 86 26.7 7.4 37.1 
Graine de tournesol 92.8 14.8 15.9 44.5 1.2 
Lentilles crues 88.4 23.4 4.3 1.4 40.1 
Pois protéagineux 87.2 20.3 5.6 1.2 44.7 
Tourteau de soja 48 88 46.2 1.5 
Tourteau de colza avec teneur huile 5-20 % 92 31 11.6 11.8 
Tourteau de tournesol, huile 5-20 %, décortiqué 93.8 33.7 18.4 8.9 5.1 
Valeurs nutritionnelles matières premières

3) Troisième étape : formulation de l’aliment

Vous pouvez maintenant faire un tableur Excel en attribuant à chaque ingrédient une valeur en protéines, amidon et matières grasses et ajustez les quantités pour atteindre un mélange entre 16 et 17% de protéine, entre 35 et 50% d’amidon et entre 2 et 5% de matière grasse (selon la saison – il sera plus gras en hiver qu’en été). 

Voici quelques repères à respecter pour une recette optimale (pourcentage exprimé en poids, pas en volume) : 

  • au moins deux céréales, dont du blé 
  • au moins trois sources de protéines (pour un apport optimal en acides aminés) 
  • entre 20% et 50% de blé dans l’aliment 
  • maximum 30% de maïs 
  • maximum 10% de son de blé (qui devra être humidifié pour être donné aux poules) 
  • maximum 5% de drèches (de blé ou de maïs) 
  • maximum 15% de co-produits de céréales (son + drèches) pour éviter une charge trop importante en mycotoxines (sauf si vous les faites analyser et constatez que la charge en mycotoxines est faible) 
  • maximum 2% de graines de tournesol, car elles sont très grasses 

4) Quatrième étape : la fabrication

Votre mélange devra être le plus homogène possible. Si certaines matières premières peuvent être incorporées en l’état, d’autres devront être « transformées ». Le maïs et le pois protéagineux devront être broyés pour une meilleure assimilation et une meilleure valorisation. L’orge et l’avoine aussi, par sécurité par rapport à la forme oblongue et pointue du grain.  

Comment satisfaire les besoins en minéraux et vitamines de vos poules ?

Pour le bon fonctionnement de leur métabolisme, le maintien de leur immunité et assurer leur productivité sans dégrader leur santé, les poules pondeuses ont besoin de minéraux, acides aminés et vitamines.  

Si vous optez pour l’achat d’un granulé de qualité respectant les valeurs énoncées plus haut, vous n’avez pas à vous poser de question, ces éléments sont incorporés au granulé. Veillez simplement à ce que la teneur en méthionine soit comprise entre 0,34 et 0,40 %, la teneur en lysine entre 0,7 et 0,85 %, et que le taux de vitamine A soit supérieur à 7000 UI (les autres vitamines et les oligo-éléments seront souvent proportionnels). 

Si vous optez pour le fait maison, vous devrez en apporter à vos poules. Le cas échéant, elles développeront des carences. 

LES MINÉRAUX

Parmi eux, le calcium et le phosphore sont les plus importants. Le premier pour la solidité du squelette et la formation de la coquille de l’œuf, le second pour la croissance osseuse et le métabolisme énergétique. 

Pour le calcium : quand il formule son aliment, le fabricant tient compte de quantité quotidienne moyenne mangée par les poules. Si une poule a besoin de 4,5 gr de calcium par jour, et qu’elle mange 130 gr de granulé par jour, le taux de calcium de l’aliment sera (4,5 gr x 100) / 130 = 3,46 %. Pour combler les besoins en calcium de vos poules dans un aliment maison, vous devrez connaître ce qu’apportent les matières premières mélangées pour faire votre aliment maison, et incorporez à votre mélange des coquilles d’huitres broyées et/ou des coquilles d’œufs durs, en sachant qu’elles contiennent 35 à 40% de calcium. Ajuster la quantité en fonction de la friabilité des coquilles des œufs pondus par vos poules. Si les coquilles sont fines ou fragiles, vos poules sont carencées en calcium et/ou en méthionine, un acide aminé qui entre dans le processus de formation de la coquille. 

Matières premières intéressantes pour un apport en calcium : carbonate de calcium > coquilles d’huitre, d’escargot et d’œuf  > tourteau de colza > tourteau de tournesol > tourteau de soja > graines de tournesol 

Pour le phosphore : il est généralement apporté par les matières premières et le phosphate calcique dans les aliments du commerce. En tant que particulier, votre seul levier est de choisir des matières premières qui en contiennent, et de donner un complément alimentaire contenant du phosphore à vos poules. 

Matières premières intéressantes pour un apport en phosphore : tourteau de colza ou de tournesol > son de blé > tourteau de soja  

Pour le sodium : il est aussi indispensable que nocif, et la limite entre les deux est mince. Le sodium est naturellement présent dans les matières premières en très faibles quantités. Les fabricants d’aliments calculent ce qu’apportent les matières premières, et fournissent le complément par l’utilisation du sel. Tout est calculé pour que le taux de sodium soit compris entre 0,13% et 0,18% de la ration. À l’échelle d’une basse-cour de particulier, ce calcul est fastidieux. Surveillez plutôt l’excès de sodium en évitant de donner des restes de table salés à vos poules. 

LES VITAMINES ET OLIGO-ÉLÉMENTS

Vos poules trouvent des vitamines et oligo-élements dans leur alimentation, qui doit contenir au moins 5 matières premières. Le parcours herbeux de minimum 40 mètres carrés d’herbe par poule vient compléter cet apport. Cependant, il est recommandé de les supplémenter pour leur apporter certaines vitamines et oligo-éléments peu disponibles dans leur environnement et en quantité insuffisante dans leur aliment. 

Où trouver un complément alimentaire pour poules pondeuses ?

Vous pourrez vous procurer des compléments alimentaires pour poules en animalerie, en magasins de coopératives agricoles, chez les vétérinaires, ou encore sur internet. Ils se présentent sous forme de blocs à picorer, de poudre à incorporer à votre mélange de matières premières ou aux pâtées humides occasionnelles que vous leur concocterez, ou de liquide à mettre dans l’eau de boisson. 

Comment choisir ce(s) complément(s) alimentaire(s) ?

Exactement comme pour les granulés, vous devrez analyser l’étiquette des compléments pour choisir les plus complets.  Regardez bien quelles rubriques apparaissent pour savoir à quel type de produit vous avez affaire. Un produit complet contient des minéraux, des vitamines et des acides aminés. Cela dit, les produits tout-en-un contenant à la fois les minéraux, des vitamines et des acides aminés sont assez rares. En utiliser plusieurs qui se complètent est souvent la solution.  

En revanche, gardez en vue que ces compléments sont standards et ne s’adaptent pas exactement aux carences de votre ration. Chez les fabricants d’aliments, la complémentation en minéraux, acides aminés, oligo-éléments et vitamines est calculée pour apporter ce que les matières premières (elles-mêmes analysées préalablement pour savoir quelle quantité de calcium, phosphore, potassium, sodium, magnésium, chlore, lysine, méthionine, thréonine, cystine, tryptophane, elles vont naturellement apporter) n’apportent pas.

Complément alimentaire poules pondeuses

Un exemple d’aliment maison équilibré  

Dans cet exemple, la formulation prend en compte uniquement les critères de base suivants : teneur en protéines, amidon, matière grasse, calcium, phosphore, lysine, méthionine, cystine.  

25,5% de blé tendre à 11% MAT (matière azotée totale = protéine pour faire simple) 

25% de maïs concassé à 7,3% MAT 

20% de pois protéagineux concassé à 20,3% MAT 

19% de tourteau de tournesol non décortiqué à 27,3% MAT 

10% de tourteau de colza (huile 5-20%) à 31% MAT 

0,5% de coquilles d’huitres ou d’œufs 

Cet aliment sort à 17% de protéine, 42% d’amidon et 2,9% de matières grasses, ce qui est très bien. Il contient la bonne dose de calcium (3,83%) et de phosphore (0,51%). Par contre, il n’est pas équilibré en acides aminés, oligo-éléments et vitamines. La somme méthionine+cystine est de 0,64% pour un optimal supérieur à 0,6% (ok). Sa teneur en lysine est de 0,79 % (ok). Sa teneur en méthionine n’est que de 0,30% alors qu’il faut 0,34% minimum, le rapport méthionine/lysine est donc de 0,38 alors que l’équilibre se trouve à 0.45 minimum. L’utilisation du tourteau de soja aurait pu corriger ce manque de méthionine, mais par souci écologique et éthique, en ayant conscience que cette matière première est produite sur des brûlis de forêt amazonienne bien loin de nos campagnes françaises, elle n’a pas été utilisée ici. 

Vous pouvez corriger ce déséquilibre en acides aminés et apporter des oligo-éléments et vitamines à vos poules par une cure d’une semaine par mois du complexe volailles/lapins de Sanicoopa, un aliment complémentaire liquide en vente dans les magasins Lamaison.fr à mettre dans l’eau de boisson, par exemple. L’inconvénient est qu’il apportera à la fois de la lysine (déjà en quantité valable dans la ration, mais il vaut mieux un peu trop que pas assez) et de la méthionine (utile dans notre cas), mais aucun des 7 autres acides aminés essentiels. Il fournira du manganèse, du zinc et du cuivre, mais pas d’autres oligo-élements importants comme le sélénium ni de vitamine E. Si vous souhaitez faire naître des poussins, une cure d’actiselen, contenant du sélénium et de la vitamine E, est recommandée avant la période de reproduction, et une fois par an pendant l’hiver même si vous ne faites pas de reproduction avec vos poules. 

Voilà un aliment maison venant compléter un bel accès quotidien à l’herbe, ce sera satisfaisant et bien plus cohérent que ce qui se pratique dans beaucoup de poulaillers de particuliers aujourd’hui. 

Les limites de l’alimentation maison pour poules pondeuses

Pour être réellement précis dans la formulation de votre aliment maison, il faudrait faire analyser chaque matière première en laboratoire. La formule d’aliment maison proposée précédemment n’aura jamais les valeurs attendues si vous ne trouvez pas un blé tendre, un maïs, un tourteau de colza, un tourteau de tournesol et un pois ayant exactement les mêmes teneurs en protéine, amidon, matière grasse, minéraux et acides aminés que celles utilisées pour formuler cet aliment. 

Les matières premières que vous vous procurerez pour faire votre aliment maison auront des présentations qui ne conviennent pas toujours aux poules. C’est le cas notamment de la présentation flocons/poudre (pour le son de blé et le tourteau de colza souvent), ou de la présentation gros granulés de 8mm aussi appelés pellets (pour les tourteaux, les drèches…). Vous aurez du mal à obtenir un mélange homogène avec des particules de taille si différentes, et même si vous y parvenez, ans la mangeoire, elles finiront par se démélanger comme on dit dans le jargon. Les granulés complets pour poules pondeuses du commerce font tous 3-4 mm de diamètre, c’est l’idéal par rapport à la constitution morphologique du bec de la poule. 

En tant que particulier, vous ne possédez pas forcément un aplatisseur pour réduire les matières premières en morceaux. Or, certaines d’entre elles doivent être concassées pour être mieux assimilées par l’organisme des poules (comme le maïs ou le pois par exemple) et pour leur sécurité (graines longues et pointues comme l’orge et l’avoine).  

La poule broie ce qu’elle mange dans son gésier. Cela lui permet de rendre accessible tous les nutriments de sa nourriture pour une meilleure valorisation dans l’organisme. Plus l’alimentation qu’on lui propose sera fine (comme dans un granulé où les matières premières sont toutes broyées avant d’être assemblées), plus sa valorisation sera importante. Pour un broyage efficace de l’aliment maison dans le gésier, la poule doit pouvoir picorer des particules de sable et des petits cailloux dans l’environnement. Si vos poules n’ont accès qu’à un espace restreint en terre battue plutôt compacte, il est intéressant de mettre à leur disposition du grit. 

Qu’elles soient concassées ou distribuées entières, les matières premières d’un aliment maison sont triées par les poules. De la même manière que lorsqu’on nous laisse le choix entre des brocolis cuits à la vapeur et une assiette de frites, vos poules vont manger en priorité ce qui est le plus appétissant pour elles (blé, maïs) et vont avoir tendance à délaisser le reste (poix, féverole, tourteaux, coquilles d’huitres ou d’œufs). Pour s’assurer qu’elles mangent équilibré, il faut attendre qu’elles aient fini la quantité quotidienne que vous leur donnez (comptez 150 gr par poule et par jour en moyenne) avant de les resservir. L’aliment granulé ne présente pas cet inconvénient. 

Si les taux de protéine, d’amidon et de matière grasse étaient les seuls paramètres à prendre en compte en formulation, proposer une alimentation équilibrée à ses poules pondeuses serait à la portée de chacun, et nous fabriquerions tous l’aliment de nos poules pondeuses. La réalité est plus complexe.  

Un fabricant d’aliment connaît précisément les besoins des poules et prendra en compte plus d’une vingtaine de critères dans sa formulation d’aliment, dont : 

  • sa quantité de protéine digestible (car toute la protéine apportée n’est pas digestible) 
  • sa quantité d’énergie digestible (car toute l’énergie apportée n’est pas digestible) 
  • ses teneurs en calcium, phosphore, sodium et magnésium 
  • son taux de matière grasse 
  • sa teneur en 5 acides aminés essentiels : lysine, méthionine, cystine, thréonine, tryptophane 
  • les rapports entre chaque acide aminé 
  • sa teneur en acide linoléique (présente en grande quantité dans l’huile de tournesol, de soja et dans les graines de lin notamment, elle a un impact positif sur la taille des œufs) 
  • son taux de mycotoxines (toxines produites par les champignons présents sur les matières premières aux champs ou qui se développent pendant le stockage en silos, entre la récolte et l’utilisation) 

Dès lors que l’on s’éloigne des valeurs cibles pour chacun de ces critères, un déséquilibre se crée. Il passe facilement inaperçu aux yeux de l’éleveur amateur, mais les conséquences se manifestent petit à petit : plumes abimées, mue qui s’éternise, coryza dû à un stress combiné à une baisse d’immunité, baisse de ponte, baisse de fertilité et du taux d’éclosion (dans le cas de la production de poussins), œufs plus petits, problèmes de boiteries, amaigrissement, fractures, problèmes neurologiques, morts prématurées.   

Les produits complémentaires que vous achèterez dans le commerce seront plutôt onéreux par rapport à la dose d’éléments qu’ils apporteront à vos poules. Sur ce point, le granulé du commerce a clairement l’avantage. Il contient exactement la dose de minéraux, d’oligo-éléments, d’acides aminés et de vitamines dont une poule a besoin, et le fabricant les touche à des prix intéressants puisqu’il les achète en grosse quantité.  

En tant que particulier, il est moins aisé de réussir à apporter à ses poules cette juste dose, car les compléments alimentaires pour poules ne sont pas adaptés au mélange de matières premières que nous avons fait. De plus, ils sont peu concentrés, donc le peu d’éléments intéressants qu’ils apportent va nous revenir cher. On agira en connaissance de cause et on acceptera que l’imprécision soit inévitable lorsqu’on fabrique son aliment soi-même. On surveillera d’autant plus près les signes éventuels d’un déséquilibre alimentaire ou d’une carence. 

Comme le compromis est souvent la meilleure des solutions, pour satisfaire à la fois notre envie d’autonomie ou d’autosuffisance, l’aspect financier de la question alimentaire des poules, et la satisfaction de leurs besoins, peut-être peut-on envisager de mélanger un granulé du commerce choisi selon les caractéristiques énoncées plus haut, avec un aliment maison le plus équilibré possible ? 

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Elsa

Je m’appelle Elsa, j’ai 36 ans, je suis titulaire d’un BTS en analyses agricoles, biologiques et biotechnologiques, et d’un diplôme d’ingénieur en agriculture, agroalimentaire et environnement. Des poules gambadent dans mon jardin depuis plus de vingt ans et j’ai travaillé chez un fabricant d’aliments pour animaux en formulation, au service qualité et comme conseillère technique en élevage. Tout en composant avec mes contraintes, en gardant les pieds sur terre et en faisant preuve de réalisme et d’humilité, j’assouvis ma quête d’autonomie alimentaire par la culture d’un potager, la production de miel et d’œufs.
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